vendredi 17 juin 2011

Le katanga-Une histoire de minerais!

une histoire de minerais 
Un site sur les minerais au Congo : http://euromin.w3sites.net//Nouveau_site/gisements/congo/GISCONf.htm

Les forgerons du Katanga
ou les "Mangeurs de Cuivre"
croisette et malachite
Dès la fin de la récolte du sorgho, les femmes vont à la recherche de la malachite effleurant le sol, tandis que les hommes creusent des puits. Les fours remplis de malachite (carbonate de cuivre hydraté - aspect de brocoli vert foncé) et de makala (charbon de bois) sont allumés par les "mangeurs de cuivre". Le cuivre en fusion est coulé dans un moule à même le sol, en forme de "croisette" qui, en refroidissant, prend une couleur ambrée. Cette croisette servant de monnaie devient le symbole incontesté du Katanga et orne les billets de banque émis pendant la Sécession Katangaise. Elle a une grande diffusion et nul doute que les premiers européens à les voir peuvent supputer les richesses minérales du Katanga. Ces forgerons peuvent procéder à des alliages avec l'étain et tréfiler le métal.
Ils sont entourés d'un respect craintif. 

Malachite et croisette
(poids : 400 gr - bras de 12 à 14 cm de long)
La ruée vers... le cuivre !
congo precolonial
M'Siri, grand chef africain de la région du Tanganika fait un jour partie d'une expédition qui retourne sur les traces des lingots de cuivre découverts peu de temps avant l'arrivée des européens dans une région appelée Katanga, du nom du roi des mines. Le chef Katanga autorise fort inconsciemment  M'Siri à s'établir à Lutipule, embryon d'un futur empire. Par sa bravoure, M'Siri obtient la fille de Katanga en mariage. Peu de temps après, décède Katanga. M'Siri, accusé de sa mort, ne doit son salut qu'à l'intervention du roi Panda qui l'accueille comme un fils et le nomme son successeur. Ses victoires sur les Baluba le font régner sur un empire bientôt appelé Katanga par les blancs.

Le Marinel, officier belge commandant l'expédition de l'État Indépendant du Congo, arrive à Bunkeya, capitale de M'Siri le 18-04-1891, et se fait détruire par ruse son dépôt de munitions. Celui-ci devient sénile, sanguinaire et pervers. C'est la terreur ! Les mines sont désertées, les chefs se dérobent. Le Marinel est rejoint, le 14-12-1891 par le capitaine Stairs, canadien d'origine. M'Siri le rencontre et prend la fuite à cause de ses actes.
Il est rattrapé, se défend et est abattu par le capitaine belge
Bodson, abattu à son tour le 20-12-1891 par un fils de M'Siri. L'anarchie prend fin, le calme revient et le fils se soumet à l'État.
Une version orientée sur l'assassinat de M'siri :
http://www.katanga.org/msiri.htm
Avancée dans le territoire de la Rhodésie, le sud du Katanga (Shaba) excite, dès sa découverte, la convoitise de ses colonies voisines. La découverte d'objets très anciens dont on ignore l'origine permet de penser que les gisements aurifères sont connus, si pas exploités depuis longtemps. La demande en cuivre se fait de plus en plus pressante. Les colons miniers n'attendent pas la notification officielle des frontières pour entreprendre une exploitation chaotique et multinationale. Sans possibilité de contrôle des frontières, Léopold II crée, par une habile manœuvre, une société d'exploitation qui délivre contre finances des concessions et des droits à termes. C'est la Compagnie du Katanga. L'argent récolté sert au financement d'expéditions géographiques et géologiques menées par des  ingénieurs dont le nom reste célèbre au Katanga devenue province du Congo, tel que : Jules Cornet, Lucien Bia, Émile Franqui. Une carte précise des gisements leur est due.
cie katanga  
 En 1900, la création du Comité Spécial du Katanga (CSK) société de droit privé, prend la relève afin de contrer les visées étrangères. Ne pouvant s'emparer du gâteau, on achète en masse des actions du CSK. Le rail arrive au Katanga. La dépendance de la partie anglophone de l'Afrique (Rhodésie, Afrique du Sud) pour l'acheminement des minerais conduit à la création d'une deuxième ligne de chemin de fer rejoignant la côte atlantique par la voie la plus directe, en passant par l'Angola (Benguela) ouverte au début des années 30, ainsi qu'une troisième ligne vers le fleuve Congo, à Port Franqui.
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titre                                                     arrivée du rail en 1910 >
 
 
Union Minière du Haut Katanga
On ne peut dissocier l'histoire du Katanga de celle de l'Union Minière. La configuration géographique de toute la partie sud du Katanga est le résultat des recherches géologiques entreprises par des ingénieurs émissaires de Léopold II, dès l'instant où le Katanga a commencer à faire parler de lui. Le cuivre est la première découverte minière. On avait, en effet, relevé l'existence de carrières et de fours utilisés par les "mangeurs de cuivre". Mais, très rapidement, les géologues découvrent quantité de minerais différents qui justifient une surveillance du territoire et l'implantation de postes pour surveiller les intrusions aux frontières. Les rhodésiens découvrent avec dépit que la mine de Kipushi n'est éloignée que de 500 m de leur frontière !
A l'initiative de Jean Jadot, sont notamment créées l' UMHK (Union  Minière du haut Katanga) pour les usines et le B.C.K. (chemin de fer du Bas Congo - Katanga) pour le transport des minerais, enfin, la Forminère (Société Internationale Forestière et Minière du Congo), sociétés ayant chacune comme support financier une banque belge.
etoile 1910  
Mine de l'Étoile - 1910
La première mine de cuivre du Katanga est créée en 1910 à l'Étoile (emblème du drapeau du Congo), à 15 Km à l'Est de la future ville d' Élisabethville, située dans l'extrême sud du territoire congolais, proche de la ligne de chemin de fer anglais en cours de construction qui doit joindre Cape Town au Caire. La mine de l'Étoile fermera en 1925.
 
vue aérienne terril UM  
Elle est bientôt suivie d'une usine de transformation située dans un léger creux du plateau d'Élisabethville, au Sud-ouest de la ville et proche de la rivière Lubumbashi pour ses besoins en eau. C'est là désormais que le cuivre sera traité. L'usine est flanquée de son hiératique symbole, celui de la ville, la plus haute cheminée de l'époque en Afrique (près de 75 m). En 1913, Jadotville (Likasi) ouvre une mine de cuivre ainsi que Kipushi (1925) et Kolwezi (zinc). En 1960, l'UMHK produit plus de 300.000 tonnes de cuivre et 505.000 en 1986 sous la Gécamines (Générale des Carrières et des Mines). 
Vue du site -  Élisabethville - 1950 (à comparer avec les 3 photos de la cheminée !)
 
siege UM  
Le siège de l'UMHK
Élisabethville
Mess de l'Union Minière
mess UM
Une histoire de cheminée ! Élisabethville, UMHK.
cheminee um 1910   cheminee um 1912   cheminee um 1917
Construction de la base en 1910
 
Montage des ateliers en 1912
 
Site en 1917
Ces photos anciennes ont paru dans le livre UMHK 1906-1956 - Un grand merci et bravo aux photographes ! Quelqu'un les connaît-il ?

A l'aube du troisième Reich

Le comte Kessler, diplomate et esthète, fut un témoin majeur de Weimar. Ses Cahiers éclairent la fin d'un monde.

Le 30 janvier 1933, jour de la nomination d'Adolf Hitler comme chancelier, le comte Harry Kessler (1868-1937) note dans ses Cahiers sa "grande stupéfaction". Chez son portier pro nazi, en revanche, "c'est une explosion de joie, dans une exubérance de fête". Ironie de l'histoire, Kessler se rend cejour-là à une conférence de Coudenhove sur la future Europeunie... 
Stupéfait, le comte l'est. Il est un des hommes les mieux informés d'Allemagne et la lucidité ne lui a jamais fait défaut. Diplomate de carrière, il connaît sur le bout des doigts le monde politique, celui de la banque et de la presse. Esthète et collectionneur de bon goût (il possède des tableaux de Renoir, Van Gogh, Seurat...), il est l'ami de Maillol. De belle naissance - un père banquier originaire de Hambourg, une mère de la noblesse irlandaise (si belle, disait-on, que l'empereur Guillaume Ier eut le béguin pour elle) - il fréquenta les meilleures écoles d'Allemagne, de France et d'Angleterre. On ne peut rêver plus belle éducation européenne.  
Mondain et homme de culture
Précisément : Kessler est trop "allemand d'autrefois, courtois et instruit", selon la belle formule de son ami Julien Green, pour envisager l'effondrement d'un monde, le sien. Dans ces Cahiers, publiés en Allemagne en 1961 et édités une première fois en français en 1972, un esprit prodigue et sensible se heurte au fil des pages à l'impensable : l'éclosion de la barbarie. 
Le jour de l'abdication de l'empereur Guillaume II, le 9 novembre 1918, le comte Kessler eut "la gorge serrée en apprenant la fin de la maison des Hohenzollern, une fin si lamentable, présentée comme un événement sans importance". Son univers se lézardait, certes, mais l'engloutissement était inconcevable. Il accepte alors le poste d'ambassadeur à Varsovie, convaincu de la grandeur de sa mission : rapatrier les troupes allemandes débandées et nouer des liens étroits avec la nouvelle Pologne du général Pilsudski. Las, les Alliés prennent un malin plaisir à entraver son action. Cette déconvenue confine le diplomate dans l'ombre. Ensuite, il planche sur un projet de Société des nations, participe aux grandes conférences diplomatiques des années 1920, conseille les ministres des Affaires étrangères Walther Rathenau - son ami, assassiné en 1922 par des corps francs, à qui il consacrera une biographie - et Gustav Stresemann. 
Mondain et homme de culture, il consacre les plus beaux passages de cette chronique crépusculaire à ses rencontres avec Thomas Mann, Einstein et Hofmannsthal, à ses conversations avec Gide, à ses déjeuners avec Cocteau ou Paul Valéry, "mélange harmonieux d'un sophiste et d'un marchand". Sa curiosité est insatiable. Même la mort d'Isadora Duncan, étranglée en auto par son écharpe, lui inspire une saillie vacharde : "Pauvre Isadora ! Elle n'a jamais pu se délivrer de ce côté petit-bourgeois pédant, tout en essayant par l'amour libre [...] de triompher dans son art de l'étroitesse de son puritanisme américain." 
Les Cahiers s'achèvent le 30 septembre 1937, deux mois avant la mort de leur auteur. Gravement malade, le vieux comte est allé à une visite médicale à Marvejols (Lozère). "La petite ville, d'aspect ancien, pittoresque, rappelle, par son style et son atmosphère, Weimar, un Weimar plus méridional", note-t-il en un ultime commentaire nostalgique.